Guide d’écriture inclusive (visibilité égale des femmes et des hommes)

Les Éditions sciences et bien commun (ÉSBC) préconisent l’écriture épicène, c’est-à-dire une écriture qui rend visibles hommes et femmes également dans un texte qui parle d’hommes et de femmes. Comme cette écriture est en débat et en expérimentation, nous proposons ci-dessous aux auteurs et autrices un petit guide des pratiques adoptées par les ESBC et qui seront utilisées dans la révision linguistique. Il est très possible que ces pratiques continuent à évoluer et se modifient au fil du temps. Cette page sera donc mise à jour régulièrement.

À noter que cette forme d’écriture est essentielle sur le plan scientifique, dans les textes qui rendent compte de recherches en sciences humaines et sociales. Elle permet de bien communiquer si les personnes dont il s’agit sont des hommes ET des femmes ou seulement des personnes de sexe masculin et de sortir ainsi du flou créé par l’usage générique du masculin.

1. L’écriture inclusive: une question ouverte et évolutive

Les dernières années ont été très effervescentes en matière d’intégration des perspectives féministes et queer dans la langue française. Des néologismes (par exemple : mettrice en scène) et de nouvelles graphies (par exemple : iels pour ils et elles, incluant les personnes s’identifiant comme non binaires) ont fait leur apparition.

Des linguistes suggèrent aussi le retour à des formes historiques de féminisation (par exemple : doctoresse, autrice) bannies au 18e siècle. Michaël Lessard et Suzanne Zaccour (2017) offrent une lecture éclairante de ce moment historique et politique, où l’on a voulu restreindre la place des femmes dans la société par le biais de la langue. Il a fallu attendre le 20e siècle pour féminiser à nouveau ces fonctions dans la grammaire (docteur à docteure, professeur à professeure). Or les formes historiques avaient l’avantage de marquer à l’oral la présence des femmes.

Il y aurait tant à dire sur ces réalités et enjeux, sur la portée émancipatoire du langage, sur les possibles. Sans apporter de nouveaux éléments dans cette discussion, mais visant tout de même à contribuer au déploiement d’une écriture non sexiste de la langue française, ce petit guide d’écriture épicène propose quelques balises aux auteurs et autrices publiant aux Éditions science et bien commun. Nous demeurons ouvert·e·s à l’évolution des pratiques d’écriture inclusive!

2. Stratégies privilégiées par les ÉSBC

Voici quelques exemples de stratégies à mobiliser pour une écriture épicène facile et lisible, la meilleure approche étant de combiner les différentes stratégies.

2.1 Utiliser une formulation neutre

Il est souvent possible de remplacer un mot genré par un mot neutre (liste tirée de U. de Sherbrooke, 2008) :

  • Utiliser les noms neutres : Nom collectif (le personnel), nom de fonction (la direction) et nom épicène (le ou la responsable).
  • Utiliser les noms épicènes au pluriel : Les bibliothécaires plutôt que la bibliothécaire ou le bibliothécaire ou le ou la bibliothécaire.
  • Utiliser des adjectifs épicènes : Une candidate ou un candidat apte plutôt que une candidate ou un candidat qualifié, les droits humains plutôt que les droits de l’Homme
  • Utiliser des pronoms épicènes : Personne plutôt que aucun participant ni aucune participante.
  • Rédiger des phrases épicènes (qui prennent la même forme au masculin ou au féminin) : Avez-vous la citoyenneté canadienne? plutôt que Êtes-vous citoyenne canadienne ou citoyen canadien?  Si vous désirez poser votre candidature plutôt que Si vous désirez être candidat ou candidate.
Remplacer :

Par :

les chercheurs les universitaires ou les scientifiques (selon le contexte)
L’Homme L’humain
les professeurs et étudiants les corps professoral et estudiantin
le directeur la direction
les répondants les personnes répondantes
les postdoctorants les stagiaires au postdoctorat

 

Voici quelques exemples qui pourraient vous être utiles (modifié de U. de Sherbrooke 2008) :

Noms collectifs : Autorités, auditoire, clientèle, collectivité, communauté, corps (enseignant), effectif, électorat, équipe, foule, gens, groupe, lectorat, main d’œuvre, personnel, population, public, etc.

Noms de fonction : Direction, présidence, rectorat, secrétariat, trésorerie, tutorat, etc.

Noms d’unités administratives : Administration, bureau, comité, commission, conseil, département, direction, office, régie, secrétariat, service, etc.

Noms épicènes : Cadre, membre, personne, responsable, scientifique, spécialiste, universitaire, etc.

Adjectifs épicènes : Apte, convenable, adulte, universitaire, etc.

Pronoms épicènes : Nous, vous, personne, aucun, quiconque, plusieurs, etc.

À noter que nous considérons « individu » comme un mot neutre et « enfant » comme un mot pouvant être utilisé au féminin ou au masculin.

2.2 Utiliser le doublet ou la forme tronquée

La manière la plus simple de rendre les hommes et les femmes visibles dans un texte est d’utiliser le doublet. Cette stratégie a aussi l’avantage de marquer explicitement la place des femmes dans le propos tenu. Dans tous les cas, les ÉSBC recommandent d’utiliser le plus possible des mots dont la forme féminine se reconnait à l’oral : chercheuse, autrice (plutôt que chercheure, auteure).

Même si l’Office québécois de la langue française recommande d’éviter les formes tronquées (par exemple : les étudiant(e)s, les citoyen.ne.s, les expert-e-s, les évaluateur/trices, les professeurEs), considérant que leur lecture est plus difficile et que ces formes nuisent donc à la compréhension du texte, d’autres ouvrages, telle que la Grammaire non sexiste de la langue française (Lessard et Zaccour, 2017), soutiennent cette stratégie. Ce livre invite à considérer les avantages et les inconvénients que ces différentes stratégies présentent, selon le contexte.

Les ÉSBC ont adopté les règles suivantes qui sont appliquées lors de la révision linguistique :

  • choisir le doublet la première fois qu’un groupe de personnes est mentionné : les citoyennes et les citoyens, les professeurs et les professeures, puis utiliser la forme tronquée simple avec le point médian (·) pour les occurrences subséquentes : les citoyen·ne·s, les étudiant·e·s lorsque l’orthographe le permet.
  • Si l’orthographe ne permet pas la forme tronquée simple, il peut être préférable d’utiliser le doublet tout au long du texte : les auteurs et les autrices, les formateurs et les formatrices, les hommes et les femmes. La forme tronquée est également possible : les auteur·ice·s, les formateur·ice·s.
  • Dans le cas de termes plus abstraits, on peut utiliser la forme tronquée dès le départ : certain·e·s, quelques-un·e·s,
  • On utilise les formes tronquées dans des tableaux ou schémas.

L’ordre des éléments du doublet est libre et dépend du sens de la phrase.

Voici quelques suggestions d’écriture féminisée :

Remplacer : Par :
les chercheurs les chercheurs et chercheuses/les chercheur·se·s/les chercheur·euse·s
les chercheurs postdoctoraux les chercheuses et chercheurs postdoctoraux (ou au postdoctorat)
les professionnels de recherche les professionnels et professionnelles de recherche/les professionel·le·s de recherche
les acteurs politiques Les acteurs et actrices politiques/les acteur·ices politiques
tous Tous et toutes/tout le monde

 

2.3 L’article et l’adjectif

Lorsque le nom est utilisé au singulier, il est possible de doubler l’article seulement. S’il s’agit d’un exemple, plutôt opter pour une variation des genres des personnes données en exemple.

Bien sûr, si l’on fait référence à une personne particulière, on utilise le genre lui correspondant!

Remplacer : Par :
le chercheur la ou le chercheur

OU

le ou la chercheuse

le journaliste le ou la journaliste

(OU les journalistes)

un policier

un pompier

un professeur

un journaliste

une policière

une pompière

une professeure

une journaliste (par exemple)

La question de l’accord de l’adjectif est délicate. Certain·e·s préconisent l’accord de proximité. À titre d’exemples :

  • Les citoyens et citoyennes consultées sur cette question;
  • Les actrices et acteurs locaux.
  • Les chercheuses et chercheurs postdoctoraux

Mais cette pratique peut donner l’impression d’une faute d’accord ou créer une ambiguïté sur la portée de l’adjectif. Les ÉSBC proposent donc d’adopter plutôt la forme tronquée pour les adjectifs, lorsque l’orthographe le permet :

  • Les citoyen·ne·s consulté·e·s
  • Les étudiant·e·s impliqué·e·s

Dans le cas où l’orthographe de l’adjectif varie au féminin et au masculin, il est préférable de revenir au doublet ou à une formulation neutre :

  • Les actrices locales et les acteurs locaux
  • Les professeures ambitieuses et les professeurs ambitieux / avec ambition
  • Les formateurs et les formatrices au grand courage
  • Les chercheurs et les chercheuses au postdoctorat

2.4 Préciser « hommes et femmes »

Il est aussi possible de préciser que l’on parle bel et bien des hommes et des femmes.

Remplacer : Par :
les chefs de file les chefs de file, hommes et femmes,

 

Références à consulter

Lessard, Michel et Zaccour, Suzanne. 2017. Grammaire non sexiste de la langue française. Paris : Syllepse / St-Joseph-du-Lac : M Éditeur.

Office québécois de la langue française. 2017. Féminisation et rédaction épicène (5 sous-thèmes, 80 articles). En ligne [consulté le 24 octobre 2017] : http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?Th=1&Th_id=274

Université de Sherbrooke. 2008. Guide 2600-410 – Guide relatif à la rédaction épicène : respect des genres masculin et féminin. En ligne [consulté le 24 octobre 2017] : https://www.usherbrooke.ca/accueil/fileadmin/sites/accueil/documents/direction/directives/2600-410.pdf

Agin-Blais, M., Giroux, A., Guinamand, S., Merlet, É., Parenteau-L., C. et S. Rinfret-Viger. 2020. Guide d’écriture inclusive, Montréal : Revue FéminÉtudes, en ligne : https://iref.uqam.ca/feminetudes/guide-ecriture-feministe/.

[1] Pour plus de détails, consulter le : http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?Th=2&t1=&id=4015#question5

Merci à Laurence Brière et Mélissa Lieutenant-Gosselin pour la préparation de cette page.

Modifiée le 25 juin 2024.

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